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La paix assassinée

Yahya Sinouar, le “cerveau” qui a organisé le pogrom du 7 Octobre a passé ses 20 ans d'incarcération à regarder avec attention la télévision israélienne et à analyser les failles, les désaccords, les angoisses et hantises existentielles qui minent la société israélienne. L’ignominie du massacre absolument barbare de 1200 mort qui vient d'être perpétré et la prise des 250 otages civils font partie d'une stratégie concertée qui a permis à la question palestinienne de se rappeler à nous mais sous la forme d’une terreur si radicale qu’elle donne à l'acte terroriste qui a été commis la proportion d'une dramaturgie internationale et une portée qui dépasse de loin celle du 11 septembre, orchestré par Ben Laden.

Les Etats-Unis n'avait pas été menacés dans leur existence par l'acte encore ponctuel et isolé du 11 septembre alors qu'avec le massacre du Hamas, plus qu'avec les guerres désormais déclarées sur plusieurs fronts, c'est la fin du mythe de l'invincibilité d'Israel et le risque d'une lente décomposition interne de l'entité sioniste qui est devenu maintenant une possibilité réelle. En réservant le sort odieux que l'on sait aux otages -assurance et gage précieux de sécurité pour Sinouar- il a enclenché dans une société divisée une dynamique destructrice au long cours dont personne ne connaît l'issue. Combien d’Israelien ont déjà pris un deuxième passe-port ?

La création de l'Etat d'Israel donnait à tous les juifs et d'abord aux réfugiés, aux rescapés de la Shoah, un sentiment de sécurité collective garanti par le droit international mais, le 7 octobre, les Israeliens ont compris qu'on mettait en cause leur statut de citoyen pour les ramener à la condition juive de “morts en permission” (Jean Améry), celle des juifs des ghettos. Ils ont perdu la confiance et fait le deuil de tout idéal de coexistence ; le massacre a bien été un pogrom.

Le 7 Octobre vite oublié dès le 8 octobre (couvert par les cris de victoire indécents des partisans du narratif décolonial) a tué toute perspective de paix. Le Hamas s'est attaqué non aux israéliens religieux et suprémacistes comme Ben Gvir et Bezalel Smotrich acharnés eux aussi à rendre impossible la paix et la solution à deux Etats -ce sont eux qui mènent la danse au sein de la Knessett- mais d'abord aux israéliens des kibboutz : Nahal Oz est à 700 mètres de la frontière. De concert avec quelques palestiniens, ceux-ci croyaient encore à la paix et militaient pour elle. Mais l'arrogance de Natanyaou est aveugle et son ubris guerrière sans issue, il ne croit qu'à la force et s'il s'enorgueillit de ses succès militaires (l'écrasement de Gaza, la décapitation du parti de Dieu), il oublie qu'il a perdu la bataille de l'opinion en s'engageant dans la fuite en avant d'une guerre terriblement meurtrière pour les civils, d'une guerre sans fin, sans finalité politique claire, sans objectif accessible. Il devra payer pour ses crimes -crimes  imprescriptibles- et son mépris insultant du droit international, celui auquel Israel doit, juridiquement, son existence.

Aucun mal pourtant ne peut être comparé à celui du 7 octobre.

Sinouar, né dans le camp de réfugié de Khan Younès, est bien le prince des ténèbres, l'ange exterminateur, Sinouar  qui se terre encore dans les700 km de tunnels de Gaza, porte (fero) la lumière (lux, Lucifer) que lui donne sa glaciale lucidité, Sinouar l'adversaire satanique qui sépare et divise comme le dit le dia-balein dans le mot diabolique et que nourrit  sa haine inexpiable à l'égard de l'Etat juif qu'il a juré d'exterminer... L'incipit de l'Enfer de Dante : toi qui entre ici abandonne tout espoir est comme gravé en lettres de feu à l'entrée du labyrinthe dans lequel il vit et un labyrinthe, disait aussi Borgès, il suffit de mettre face à face deux miroirs -deux consciences autocentrées- pour le constituer ...Comme la théologie d'antan savait bien parler du mal, du mal moderne, de ce mal qui n'a pas de sens, qui défie la représentation, qui n'est pas réparable, du mal que l'on combat mais que l'on ne comprend pas... car quand la raison est divisée contre elle-même, disait Hegel, il y a proprement tragédie et dans la tragédie ce sont les deux protagonistes (les Achéens et les Troyens, Antigone et Créon) qui ont la raison pour eux...Voilà ce qui arrête et stupéfie la pensée, voilà ce qu’il faudra pourtant bien un jour penser ensemble et prendre dans une empathie qui deviendra universelle…
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C'est maintenant comme un hurlement qui se répand sur un monde devenu fou, hurlement qui frappe d'un même cauchemar de d'une même épouvante tous les enfants de la terre jusqu'à faire saigner le coeur des mortels. C'est l'absolu de la terreur qui s'est déchaîné sous la forme d'une attaque qui a été pensée, pesée et préparée par l'adversaire satanique, leleader incontesté du Hamas dont la charte, elle, est génocidaire et antisémite.

F. W

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