1. Yael Armanet Le 11/07/2017
Pour vous, cher François… C’est l’histoire d’une adolescente rebelle à qui son « nouveau prof de philo ...
2. vera idely cabral Le 26/05/2017
Oh, captain, my captain! La mort de ma mére, la folie de mon frére... et le temps qui passe sans cesse. ...
3. yasar çabuklu Le 19/11/2015
Dear François Warin, I am a Turkish essayist. I came across your web site during my surf on the subjects ...
4. lorenzini patricia Le 13/08/2015
Monsieur, je ne sais si votre site est encore d'actualité. Je connaissais Armelle du temps de Nice, ...
5. Jean-Marc Laffont Le 01/05/2015
Bonjour, Le hasard a fait que ce matin j'ai appris par votre site le décès il y a plus de 6 ans d'Armelle ...
6. THOMAS Le 28/03/2014
C'était déjà un vrai plaisir -même si à l'époque j'assimilais plus cela à de la souffrance mentale- que ...
Les cyprès
Réjane Janon est souvent venue à Quinson chez Annie Lartigau pour peindre « sur le motif », c’est-à-dire pour peindre en plein air, en se laissant d’abord «motiver » (mettre en mouvement) par la nature, par son souffle, par la sensation, par l’émotion. C’est ce que recommandait Cézanne, résolu plus qu’un autre à donner le sentiment de présence réelle des choses, plus « réelle » que ce que nous appelons ainsi, comme cette montagne Sainte Victoire dont il ne cessa pas, jusqu’à être terrassé, sur le site, par l’orage, de traquer le secret. Loin d’imiter la montagne, c’est elle qui a fini par ressembler à celui qui l’avait tiré de l’indifférence, qui l’avait recréée en en donnant non la doublure mais la gloire, l’épiphanie, son envers invisible.
Réjane a su trouver ici dans les couleurs éclatantes et libérées de sa palette « fauve » de quoi traduire et enchanter de son coup de pinceau vif et hardi l'explosion chromatique, l’incroyable vigueur, l’irrésistible poussée, le dynamisme ascentionnel de ces cyprès à l'épaisse touffeur qui défient le temps et marquent si fortement de leur silhouette altière, de leur verdure persistante et profonde, le paysage provençal et méditerranéen. Arbres de vie, ils sont signes de bienvenue à l’entrée des maisons auxquels ils apportent, dit-on, santé et longévité (leur bois réputé imputrescible a l’odeur de l’encens). Mais, depuis l’antiquité grecque, les cyprès montant interminablement vers le ciel étaient aussi perçus comme des arbres funéraires, des compagnons de douleurs associés aux régions souterraines des enfers et dans la célèbre tableau d’Arnold Böcklin, ce sont encore eux qui donnent à L’ile des morts (1886) son allure d’outre-monde. Supplique adressée aux dieux, arrêt de mort, arrêt de la foule assemblée, arrêt de l’arbre immobile résistant au vent-maître (Lou mestre, le mistral) dans le flux incessant du devenir, support de mémoire pour les générations à venir, tels ils sont restés pour nous dans ces lieux sacrés de silence et de paix où chacun peut faire mémoire de sa fragilité.