1. Yael Armanet Le 11/07/2017
Pour vous, cher François… C’est l’histoire d’une adolescente rebelle à qui son « nouveau prof de philo ...
2. vera idely cabral Le 26/05/2017
Oh, captain, my captain! La mort de ma mére, la folie de mon frére... et le temps qui passe sans cesse. ...
3. yasar çabuklu Le 19/11/2015
Dear François Warin, I am a Turkish essayist. I came across your web site during my surf on the subjects ...
4. lorenzini patricia Le 13/08/2015
Monsieur, je ne sais si votre site est encore d'actualité. Je connaissais Armelle du temps de Nice, ...
5. Jean-Marc Laffont Le 01/05/2015
Bonjour, Le hasard a fait que ce matin j'ai appris par votre site le décès il y a plus de 6 ans d'Armelle ...
6. THOMAS Le 28/03/2014
C'était déjà un vrai plaisir -même si à l'époque j'assimilais plus cela à de la souffrance mentale- que ...
COMMUNAUTÉ
« Les hommes n’ont pas seulement des droits, ils ont également des besoins fondamentaux, et le plus important d’entre eux est l’enracinement, la nécessité spirituelle d’appartenir à un milieu et à une collectivité ». S. Weil, L’enracinement, 1943.
« Aucun homme n’est une île, un tout, complet en soi ; tout homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble ; si la mer emporte une motte de terre, l’Europe en est amoindrie, comme si les flots avaient emporté un promontoire, le manoir de tes amis ou le tien ; la mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain ; aussi n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c’est pour toi qu’il sonne ». John Donne, 1624
Famille, village, ville, association, nation, communauté européenne, il n’y a pas de vraie communauté sans un sentiment d’appartenance, sans un lien social fort qui nous rattache les uns aux autres, sans une émotion collective, sans le sentiment d’appartenir à un ensemble qui nous dépasse et, pour les grandes collectivités auxquelles nous appartenons, sans adhésion à des grands récits, à des valeurs ou à des principes intangibles comme ceux des droits humains. Réinventer le commun au moment ou tout se privatise et où chacun est invité à vaquer à son « développement personnel » et à être toujours plus performant et compétitif, nous avons montré que nous pouvions encore le faire quand la France, il y a quatre ans, a été attaquée et que nous nous sommes rassemblés et que nous avons restauré notre fierté et tenu tête à ceux qui voulaient nous terroriser et nous abattre en déclarant, quelles que soient nos opinions : « nous sommes tous Charlie ».
Mais la mort de tout homme me diminue, dit le poète, et il n’y a pas non plus de communauté qui ne cherche, au moment où elle est déchirée par la mort de l’un des siens, à re-souder les vivants et les morts en tentant l’impossible partage de la mort. Et l’on commence alors par donner sépulture aux défunts, par les nommer chacun par leur nom, par leur rendre hommage par un récit ; et la littérature n’a jamais fait autre chose. C’est ainsi qu’Achille, tombé sous les murs de Troie, a eu le plus des tombeaux : l’Iliade d’Homère. C’est le poème qui raconte sa colère et ses exploits, le poème qui sauve son corps, qui recueille et transmet aux autres humains le souvenir de sa vigueur et de sa divine beauté.
Faire société et même, en ces temps troublés, faire nation, c’est toujours d’abord faire mémoire et ici, chacun à notre mesure, se remémorer nos disparus, ceux sans lesquels nous ne serions pas, ceux qui nous ont quittés cette année, en les nommant un à un, dans ce silence où l’on n’entend que le battement de son cœur et le halètement de son souffle. Les morts ne sont morts que quand les vivants les ont oubliés dit un proverbe malgache. Cette mémoire est sans doute le dernier rempart contre le néant absolu. Mais rien pourtant ne pourra effacer le fait dont nous sommes les dépositaires, le fait mystérieux et profondément obscur qui est, pour eux, celui d’avoir été.
F.W. pour QHD