Crémation

 

 

De la crémation

 

Inhumare humanum est

Vico

C’est là le tragique chez nous, que nous quittions tout

doucement le monde des vivants dans une simple boîte..

Hölderlin

 

C’est contre la crémation que je voudrais parler. Et pour cela j’ai bien sûr des raisons très personnelles. Mon père est mort sans sépulture et est parti en fumée dans le crématoire d’un camp, dans une de ces usines conçues pour fabriquer de l'absence, pour effacer les vivants pour qu'ils ne laissent aucune trace. La manière la plus radicale d’annuler l’existence des hommes qui avaient vécu en résistant consistait pour les nazis à les réduire en cendres, à faire oublier tout ce qui aurait pu rester de leurs corps, à faire que les morts n’aient plus de lieu, n'aient plus de demeure, n’aient plus d’adresse, n’aient plus de plaque gravée à leur nom, à faire que la mort elle-même soit entièrement oubliée : en les jetant dans les fours ils les jetaient aussi dans l'oubli.

 

Or il est clair que chez nous aussi, aujourd’hui, la mort est en passe de tomber dans l’oubli et se perd ce qui est une des spécificité humaine, celle qui consite à préserver le mort de l'effacement, de lui donner un nom, de garder quelque chose de lui afin qu'ils vivifie le monde des vivants en assurant ce que l'Eglise appelait la communion des saints. Mais la mort, nous ne l’aimons pas ; pas plus que les vieux, pas plus que la lenteur et le silence :  la progression fulgurante de la proportion de crémations dans notre société (représentant nagurère la plus grande indignité en Occident, réservées à partir de la Révolution aux seuls libres penseurs et francs-maçons  elle est passée de 1 % en 1960  à plus de 20% pour devenir bientôt la norme sociale) pourrait être le signe majeur de cette exclusion de la mort qui a commencé, Philippe Ariès l'a montré, dans la deuxième moitié du siècle dernier avec sa privatisation et sa dissimulation. On meurt aujourd’hui en cachette, à l’hôpital, il n’y a plus de tentures funéraires aux portes, plus de crêpes noirs aux boutonnières et presque plus de période de deuil (elles ont été réduites à 5 jours pour le conjoint, les corbillards sont devenus des voitures banalisées, les cimetières des espaces paysagés…). Plus de temps, plus de profondeur généalogique, plus de présence publique, plus de rite, plus de pompe, plus de deuil, plus de responsabilité, plus de veille, plus de cérémonie,  plus de consistance corporelle autour de la mort. Réduire en cendres les morts c'est leur faire aussi prendre moins de place et dans l'espace et sans doute dans nos coeurs. On a médicalisé la mort (acharnement) ou on en précipite l'échéance (euthanasie). La mort  et les morts nous  ne savons plus quoi en faire, la mort est tout simplement devenue tabou et l’obscénité qui pesait hier sur la sexualité est comme réservée aujourd’hui à la mort. Mais que se passe t-il quand même la mort disparaît et quand il ne reste rien et qu'il n'y a plus rien du tout à voir ? Aussi la crémation ou l’incinération n’est pas chez nous, comme elle l’est dans certaines sociétés asiatiques, un ultime sacrifice au grand transmutateur de la réalité (Agni), un rite faisant partie des traditions d’une vieille culture pour laquelle, le corps n’étant promis à aucune résurrection et n’ayant aucun avenir n’est, très précisément, rien[1]. Dans notre culture marquée fortement par le christianisme, le corps-matière (sôma) ne meurt que pour ressusciter en corps glorieux c’est-à-dire, pour nous, en corps devenu signe (sèma), signe que la stèle levée adresse à la postérité comme les bouddhistes eux-mêmes savent si bien le faire en édifiant leur stupa, inscription monumentale qui vaut sépulture. Aussi la mode aujourd’hui dominante de la crémation ne peut se justifier que comme une pratique hygiénique et écologique qui, au même titre que l’euthanasie, participe au rangement et à la propreté de la planète.

 

La crémation est une manière expéditive, la plus courte, la plus commode, la plus simple, la plus maïtrisée, la plus économe, la plus propre d’en finir avec les trépassés, une manière de les faire passer, justement, de les expulser, de les jeter après usage, de les effacer totalement de la face de la terre et d’en faire bientôt disparaître toute mémoire, de gommer ainsi à jamais le fait mystérieux et profondément obscur qui est celui d'avoir été. L’humanité, disait Auguste Comte, est constituée de plus de morts que de vivants et cela justifiait la religion de l'humanité que le fondateur du positivisme voulait instituer dans un monde reçu en héritage et transmis de générations en générations, dans un monde qui était celui des morts et des vivants une sorte d'immortalité subjective. Mais  aujourd’hui plus que jamais le nombre des morts est tel que la place manque dans les cimetières et qu’il faut s’en débarrasser autrement puisque de plus en plus, chacun se sent de trop dans un monde qui, après lui, le rejettera et qui n'est pas fait pour lui. Chacun désormais et pour la première fois choisit le mode d'effacement de son corps, se projette par-delà la tombe, assure jusqu'au bout une sorte de maîtrise sur son corps tout en cherchant à décharger famille et survivants de l'embarras de son trépas.  "La terre appartient aux vivants" disent les publicistes de la crémation en mèche avec les promoteurs en quête de nouveaux espace utiles comme si la communauté des vivants et des morts appartenait désormais au passé. Qui d’entre nous -si toutefois la vision traumatisante du cercueil entrant, avec la mise à feu des chaudières, dans les fours enflammés nous a été épargnée- n’a pas été profondément défait par les cérémonies indigentes et l’interminable attente que l’on endure dans ces temples vides et sans âme perdus au fond des banlieues, où  une dépression épaisse et incurable vous accable et vous étreint comme pour vous décourager à jamais ? La République n'a su inventer ni temple ni tombeaux et on ne fait qu’attendre dans ces « crematorium », anonymes producteurs des cendres de personne, jusqu’au moment où l’urne funéraire biodégradable est présentée à la famille, dans son carton, brutalement par ces entrepreneurs pour qui la mort, désacralisée, n'est plus guère qu'un business. Celle-ci ne sait souvent pas très bien quoi en faire et, quand on ne la disperse pas romantiquement dans ce grand Tout, dans ce cosmos océantique (Océan, montagnes, rivières ou plus modestement "jardin du souvenir" depuis la loi de 2008)) qui dépersonnalise et nie  la personne dans sa singularité  on sait qu’il a fallu légiférer pour éviter qu’on ne retrouve de nouveau ces urnes sans domicile fixe dans ce qu’on appelle justement des décharges, lieux d'incinération comme on le dit des ordures ménagères. 

 

Notre tradition funéraire par contre participe, depuis la plus haute antiquité, d’une culture profondément chtonienne, celle où le mort ne se sépare pas de la communauté des vivants et appartient à Démeter, celle où le mort ne peut avoir d’autre demeure, en un lieu particulier, que celle de la terre-mère[2]. La culture chez nous n’est-elle pas née du culte des morts ? Le rituel est bien plus que la pensée car il met concrètement en gestes notre désir et lui donne son sens ; le rituel de l’inhumation est celui, disait Vico, qui nous a donné notre nom d’homme. Il est un des trois invariants de la culture humaine (avec le mariage et la religion) et il remonte, 100 000 ans en arrière, à l’homme de Néanderthal. Inhumare humanum est, rien n’est plus humain que le geste d’inhumer son semblable, rien n’est plus humble que de le livrer à la terre (humus) qui le retiendra encore quelques temps[3], rien n’est plus religieux que de rester ainsi relié (religare) à ceux qui nous ont précédé en gardant traces, reliques et mémoire de leur passage, en se rendant, par exemple, rituellement sur leurs tombes dans ces lieux de dormition (koïmitirion) que sont étymologiquement les cimetières. On peut en effet aller se recueillir sur une tombe et célébrer l’histoire d’un défunt devant ce qu'on appelle si justement sa dernière demeure, même si, hélas,  nos cimetières font honte à l’Occident chrétien. En Bretagne c’est encore en un lieu, devant des cénotaphes bien tangibles de pierre que l’on évoque, que l’on célèbre la vie des marins perdus en mer comme si le Dasein (l'être-là) que nous sommes devait nécessairement s'accomplir dans ce qu'on appelle un ci-gît. Mais comment se recueillir devant le casier d’un colombarium ou devant une urne funéraire ? Avec l’incinération, l’anéantissement rapide du mort devenu soudainement cendres et poussières anonymes ne viennent-elles pas interrompre brutalement le long travail de deuil des survivants mais aussi briser la transmission qui fonde toute culture humaine et rendre plus difficile que jamais la réconciliation avec celui qui emporte un monde avec lui  ? Le rite et ses formes avaient précisément pour but de trouver la bonne distance, d'effectuer une séparation, d'établir des frontières, d'empêcher les vivants d'être attiré dans la tombe, de leur éviter la dépression qui risque toujours de les détruire, de rendre un peu supportable, l'insupportable....

 

Annie

 

« La République, écrivait André Malraux, n’a su créer ni temple ni tombeaux ». Aussi dans cet espace primitivement vide, dans  ce crématorium anonyme sans passé et sans âme, c’est à nous d’inventer un nouveau rituel, de trouver des mots nouveaux pour rendre hommage aujourd’hui  à Annie Lartigau.

C’est toujours dans le doute, dans la crainte et avec hésitation que, habité par la tristesse, l’on prend la parole auprès  d’un cercueil, au bord d’un tombeau et plus encore peut-être, avant une crémation. A la différence du surgissement de la naissance qui vient toujours de quelque part, de quelques gamètes, la mort est le seul événement absolument absolu, celui qui défait, qui dissout toute relation, celui qui reconduit de l’être au non-être et qui nous laisse seuls et désemparés, sans défense, sans rempart.  Quand des proches disparaissent, alors, comme on dit sans parvenir à y croire, engloutis dans les profondeurs de l’abîme, ils ne sont plus, ils ont cessé d’être et on leur dit « adieu » ou « au revoir », cette fois-ci sans espoir de retour.

Je voudrais éviter l’emphase et le ton solennel auxquels, immanquablement, on se trouve  porté dans ce genre d’hommage ou d’oraison mais rien ne fera pourtant que ce genre de rituel ou de cérémonie ne garde toujours  quelque chose de sacré. Comme on aimerait pourtant encore rire et plaisanter, rire de la mort, lui faire un pied de nez comme Annie a su si bien le faire en métamorphosant en peinture les radios de ses poumons dévastés en manière d’exorcisme. La bête qui souffre le plus sur la terre s’est inventée le rire et j’aurais aimé, avec elle, si cela se pouvait, jusqu’à la fin, rire de mourir et mourir de rire. Car Annie l’insoumise n’avait pas le goût bourgeois et nous aimions sa liberté d’allure, son non-conformisme, son caractère bien trempé, son franc parler, son insolente beauté et sa vigoureuse sève populaire. Et on admirait aussi chez elle son sens inné de la beauté, son coup d’œil artiste, son œil de peintre très sûr de lui hanté par les hautes figures de Matisse, des Nabis, de Nicolas de Stael. Beaucoup d’entre nous vont garder, comme autant d’admirables reliques, un certain nombre de ses tableaux. Nous avons l’art pour ne pas mourir en vérité, nous avons l’art pour ne pas mourir de la vérité. Ô combien Annie aimait cette parole de Nietzsche !

On aimait qu’elle soit là, à Quinson, dans ce village, dans ce pays auquel elle était viscéralement attachée et auquel elle va terriblement manquer. Elle a demandé, je crois, à ce qu’on disperse ses cendres au bord du Verdon, là où nous l’avons encore emmenée dans le juillet de cet été.  Partir en effaçant ses traces, soustraire aux survivants jusqu’aux restes, jusqu’aux reliques de ses ossements, vouloir n’être plus rien que la poussière sans identité, sans lieu et sans adresse ou les cendres grises et stériles de l’incinération cela peut être un signe d’abnégation et de détachement car c’est avoir l’élégance de laisser la terre aux vivants et de nous laisser toute la place. L’élégance aussi de nous inviter, après nous être rassemblés, à nous séparer, à nous disperser nous aussi jusqu’à l’oublier.  Oubli bienfaisant de l’absence insupportable qui glace et décompose, oubli qui est pour nous la possibilité de pouvoir jouir et de nous réjouir du temps, du peu de temps qui peut-être encore nous reste.

Tous les ans, en été, émerveillé, j’allais voir avec mes petits enfants les nouvelles hirondelles qui prenaient leur envol sous le porche au dessus duquel Annie avait sa chambre. Ainsi passent les oiseaux, ainsi passent les passaros ou les passarinhos comme on dit en portugais. J’utilise cette langue parce que cette anecdote me rappelle les vers de cet immense poète qui a pour nom personne, Pessoa, Fernando Pessoa. Passa, ave, passa, e ensina-me a passar! Passe oiseau, passe, et apprends-moi à passer. Nous apprendre à passer, nous apprendre à donner notre assentiment joyeux à cette grande dérive dans laquelle, tous, nous nous en allons, voilà ce que peut-être nous enseignent celles et ceux qui ont choisi non pas la terre, ni l’air, ni l’eau pour lentement s’en aller, mais, plus brutalement, les flammes et le feu.

Mais, comme dit le poète, tout ne meurt pas (non omnis moriar)  ou en tous cas tout ne meurt pas au même rythme et la même façon et chaque mort laisse un bien, sa mémoire et demande qu’avec tendresse, on la soigne. Et c’est à nous maintenant non pas de « faire notre deuil » comme on dit si légèrement comme si l’on devait expulser un affect désagréable et gênant mais de porter le deuil de celle qui fut si profondément notre amie. Quant la nouvelle de sa mort est arrivée au village Hélène Bottet très spontanément s’est écriée : que sur la place de l’Eglise, dans la maison d’Annie, là où se trouve l’axe ou le pivot de tout le village, l’on ouvre les volets, que l’on mette fleurs et luminaires à ses fenêtres afin que dans tout le pays on sache combien nous avons Annie au cœur. Salut Annie, une salve pour Annie !

 

 

 

Terre à terre ?

 

(lettre de Michel Warin)

 

C’est bien beau, bien vrai ce que tu racontes, mais quelques considérations très… terre à terre me viennent à l’esprit :

- Jean-Marie, notre frère, souhaitait être enterré tel un musulman enveloppé d’un drap et enfoui sous terre. Le voilà dans un cercueil croupissant dans une basse fosse de béton.

- Je ne sache pas que, plus que moi, tu ailles te recueillir sur la tombe de Maman.

- Notre ami Alain qui vécut plusieurs années dans la petite maison, homo-mort du sida en 95, fut incinéré, et ses cendres épandues ici au pied d’un pin sur la « bosse du lion ». J’y fixai, sur le tronc, une petite plaque. Ma promenade préférée (le tour de Cotebelle, en face) m’amène bien souvent à passer par là et à penser à lui.

- Chaque année avant la Toussaint (depuis que je me suis fait engueler et menacer par la mairie de Bourdeaux !) je vais sur la tombe de Marie, ma femme, gratter les mauvaises herbes et tailler le rosier. Pas d’émotion particulière. Je suis pourtant, il est vrai, sensible à cette atmosphère recueillie du cimetière, où l’on rencontre en ces jours-là l’un ou l’autre venu lui aussi entretenir la tombe d’un proche.

- J’ai dit à Jeanne et Matthieu, mes enfants, mon souhait d’être incinéré, principalement pour leur éviter la corvée de l’entretien et le remords de la négliger. Et puis que mes cendres doivent rester aux Laurias où j’habite, me semble une évidence (je ne suis pas contre l’urne enterrée et signalée). Le tout, ajouterai-je, étant de réunir en cette grande occasion tous mes frères humains.
Au reste, comme dit Socrate….

 

Hundertwasser

(J'ai recopié  ce texte à l'exposition Hundertwasser de la Vieille charité ; il fait écho à l'humilité à l'humanité, à l'humus dont j'ai essayé de parler...)
"Je me réjouis d'avance de redevenir humus, enterré nu et sans cercueil sous un hêtre planté par moi-même sur mes terres au Tea Roa. L'inhumation devrait avoir lieu dans un simple linceul, à une profondeur minimale de 60 cm, en pleine terre. Un arbre sera planté sur la tombe pour perpétuer symboliquement et réellement la vie du défunt. Un mort a le droit d'être réincarné par ex. sous la forme d'un arbre qui pousse sur lui et par lui. Cela donnerait naissance à une forêt sainte de morts-vivants, un jardin des morts heureux"

[1] Au Tibet les corps sont abandonnés aux vautours.

[2] Mais les divinités olympiennes, écrivait W.F. Otto, n’ont rien à faire avec la mort, elles n’appartiennent qu’à la vie et abhorrent le règne sombre de la mort. Le mort est devenu un étranger dans le monde des vivants et doit demeurer dans un autre monde. Tout le pousse avec force à s’éloigner de ce monde ; le lien avec lui est rompu et pour l’éternité. Que pourrait faire dans le règne du soleil et de la vie en fleur celui qui n’est plus qu’une ombre sans force et une muette imitation du passé. En anéantissant son corps la crémation sépare immédiatement l’esprit du mort de l’espace de la vie. Les rituels funéraires de l’ancienne Grèce cherchent en effet tous à conjurer et à briser le cycle des saisons, le cycle des générations, le cycle de l’oubli, le recyclage perpétuel de la vie comme zoé. C’est ainsi que dans l’Iliade, par exemple, on cherche à soustraire la chair à l’état de charogne, au cycle naturel de la prédation, à briser le cercle qui fait que la chair du mort retourne au vivant. La chair est donc d’abord brûlée sur un immense bûcher et les os et les cendres, ensuite, sont recueillis dans une urne qui est mise en terre, qui est inhumée : le tombeau et la stèle feront support de mémoire pour les générations à venir. Achille, le meilleur des Achéens, mourra lui aussi sous les murs de Troie mais, à l’inverse de Sarpédon, de Patrocle ou d’Hector, son corps ne reviendra pas chez lui. Il aura pourtant le plus beau des tombeaux : l’Iliade est en effet le tombeau d’Achille, l’Iliade est le poème qui raconte sa colère et ses exploits, le poème qui sauve son corps, qui recueille et transmet aux autres humains le souvenir de sa vigueur et de sa divine beauté. Le poème a pris la place de la stèle, la culture a pris celle du culte : l’existence d’Achille, sa vie vaillante et valeureuse, appartiennent désormais et pour toujours au monde. Rien n’est plus exemplaire de l’opposition des éthos grecs et Hespériens (occidentaux) que les rites funéraires au sujet desquels Hölderlin écrit simplement : « c’est là le tragique chez nous, que nous quittions tout doucement le monde des vivants dans une simple boîte et non que consumés dans les flammes, nous expions la flamme que nous n’avons su maîtriser ». Des machines à habiter où il a choisi de se retirer jusqu’au container funéraire de la fin, un même modèle, un même module aura ainsi dominé et contraint le destin séparé ou déchiré de l’homme du pays du soir (Abendland).

"Si laids sont les cimetières que je ne veux pas qu'on m'y enterre et je préfère brûler en une dernière fois, après mes années d'incandescence que l'on jette au feu par les quatre vents, reste léger, chute dernière que l'on prie si l'on croit, que l'on lise si l'on veut qu'on  me confie au feu et à l'air par l'univers, merci !" Michel Serres. Remarquons avec Bachelard que tous les rites funéraires de par le monde se sont toujours organisés autour des quatre éléments : on brûle, on inhume, on expose à l'air ou on immerge et engloutit.

La tradition c'est la démocratie de la mort disait Chesterton.

[3] A la fin c’est toujours la mort qui gagne et qui frappe de nullité tous les discours et toutes les pratiques en les rendant indifférentes. Que devrons-nous faire de ton corps ? demandent à Socrate ses disciples. Ce qu’il vous plaira répondit-il.

 

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