ccancel culture

Lettre à Espacetemps.

Cancel culture ?

 

La tribune du journal Le Monde du 9 juillet me donne l’occasion de revenir sur le problème de fond qui a motivé le refus de votre part de mon article sur le racisme.

L’analogie entre les situations américaines et européennes me semble évidente et elle motive ici et là deux types de réactions bien différentes   :

 

1-Dans un premier temps une majorité écrasante d’intellectuels a entendu et salué les appels pour plus d’égalité et d’inclusion dans notre société. Le combat pour la justice et contre le racisme sont plus que jamais une des causes vitales de notre époque, la grande réflexion historique engagée par les intellectuels sur ce qui constitue la toile de fond des événements récents doit être poursuivie et je pense l’avoir vigoureusement souligné.

 

2-Mais dans un deuxième temps, cela ne doit pas servir de prétexte à des généralisations excessives et à tout dénoncer. L’extrême violence de certains réactions  venues de la gauche radicale finissent pas menacer nos institutions culturelles accusées de racisme structurel et par conduire à un nouveau dogmatisme, à un nouveau consensus étouffant.  Partout on cherche à faire taire par tous les moyens des voix jugées trop critiques ou dissonantes, de nouvelles mesures de censure étouffent les débats,  limite la liberté d’expression ; c’est ce qu’on appelle outre-Atlantique, la cancel culture.

 

Je n’hésite pas à utiliser cette expression dans la mesure où, suite à l’article critique que j’avais déjà donné à lire à certains, j’ai reçu des menaces, vous m’avez même reproché le « ton » utilisé et menacé d’exclusion –interdit de collaboration- alors que, de l’avis général, mon examen bien que très critique était parfaitement déférent, respectueux, modéré et que je me permettais simplement d’introduire dans l’argumentation unilatérale de l’auteur quelques distinguo) et, par un odieux chantage, on a même essayé de me faire taire.

 

Vous comprendrez que je peux difficilement interrompre une collaboration déjà ancienne avec votre revue sur cette équivoque : vous conviendrez, je pense, qu’il n’y a pas à choisir entre la justice et la liberté, que l’une ne peut exister sans l’autre et que vos collaborateurs ont le droit de prendre des risques, le droit de se tromper, le droit de dire leur désaccord. C’est dans ce régime de liberté que j’avais travaillé avec vous jusqu’ici, il serait fâcheux qu’il soit interrompu et que notre dialogue se voie brutalement suspendu.

F.W

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